Cela fait quatre ans que le combat juridique entre le syndicat CGT et la société Michelin se poursuit, depuis la grève de 2009 durant laquelle la direction de l’usine avait décreté un « lock out » et l’intervention d’une compagnie de CRS.
Selon Serge Allègre, porte parole du syndicat CGT Michelin, « la victoire remportée par les ouvriers contre la direction est historique : elle survient après une procédure de 4 années. Rien n’aura ébranlé la volonté du syndicat CGT de Michelin Blanzy et des salariés qui ont osé se dresser devant le rouleau compresseur Michelin pour la défense de leurs emplois ».
Un représentant syndical qui :
« Parle d’intimidations : huissier de justice une vingtaine de fois..
De divisions également : appel en privé des salariés et arrêt dans leur véhicule sur leur trajet de travail.
De provocations encore : CRS avec matériel anti-émeute en faction pendant les huit jours de conflit.
Et de peur : prise de sanction et mise en demeure.
D’atteinte à la vie privée : mise en place d’un espion professionnel non salarié de l’entreprise… »
« Cette lutte est ancrée à jamais dans les esprits des salariés de Blanzy, assène M. Allègre qui ajoute « mais pas seulement, car l’image de marque d’une entreprise nationale aux dires paternaliste s’effondre devant les médias. » Fin de citation.
72 ouvriers se sont, en 2009, regroupés pour porter plante contre Michelin. L’affaire est d’abord passée en conciliation, puis devant les prud’hommes avant de passer en Cour de cassation où le jugement du tribunal a été porté en appel par l’entreprise pour repasser à nouveau en Cassation, avec le 17 décembre 2013, un nouveau jugement en faveur des salariés.
Pour Serge Allègre et ses camarades, ce qui a été le plus humiliant dans toute cette affaire, ce ne sont pas les envois d’huissiers ou de CRS, « qui sont monnaie courante dans les conflits sociaux« . Mais « Le plus humiliant, c’était la présence en 2009 d’un « espion » au sein des ouvriers : « un gentil garçon sensé venir d’une autre usine Michelin, en formation longue chez nous, Denis M., qui est devenu copain avec des tas de camarades, qui faisait partie des clubs de sports… pendant la grève de 2009, il était tout le temps avec nous, il faisait même partie de la cellule psychologique…On a su le fin mot de l’histoire lorsqu’un an plus tard, nous avons été contactés par l’émission « Pièces à Conviction », qui nous a interpellé sur les grèves de 2009 en nous parlant de choses que personne n’était sensé savoir. On s’est rendu compte qu’il y avait un espion dans le personnel. C’est en visionnant toutes les photos prises pendant la grève (plus de 3 000) qu’on s’est rendu compte qu’on ne le voyait jamais ! Un vrai pro ! Qui sait quel genre d’informations il a pu transmettre à la direction. C’est pourquoi nous espérons avoir le fin mot de cette histoire. A défaut, ça fera l’objet d’une nouvelle procédure. »
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