Plusieurs syndicats
« s’invitent au mariage de la FEGAPEI et du SYNEAS »
Ce jeudi en début d’après-midi, plusieurs syndicats de salariés (la CGT, la CFTC et la CNT) accompagnés de travailleurs des Papillons Blancs du Bassin Minier, des Papillons Blancs du Creusot, des Papillons Blancs Louhannais, de l’association Le Pont, de la Sauvegarde 71, de l’association Médico-éducative Chalonnaise (AMEC) et de la Maison Départementale du Handicap (MDPH) à Mâcon, sont venus manifestés leur mécontentement face à l’accord signé ce même jour entre la FEGAPEI et le SYNEAS, deux syndicats employeurs de la Convention Collective Nationale n°66.
Ils ont été reçus dans les bureaux de la GCSMS Hesperia 71 par son directeur général Christian Rauche.
Avis de tempête pour la CGT
Martial Petit, délégué syndical CGT et Amec est venu présenter auprès de Christian Rauche, les principaux griefs à destination du mariage des deux syndicats d’employeurs du secteur de l’action sociale.
Il a dénoncé un « cadeau empoisonné depuis 2009 avec la dénonciation de la convention CCN66. La revalorisation du point sur nos salaires qui devrait être la reconnaissance des métiers du médico social accompagnant des personnes fragilisées soit du secteur du handicap soit des personnes en difficultés sociales, n’est toujours pas prise en compte par les syndicats employeurs. »
Pour l’Union des syndicats CGT de la Santé et de l’Action Sociale de Saône-et-Loire, « le mariage de la FEGAPEI et du SYNASEA n’est ni plus ni moins que le mariage de la carpe et du lapin ».
Et d’ajouter : « Depuis 15 ans, la valeur du point est gelée ou presque, nous subissons aussi la Révision Générale des Politiques Publiques qui met un sérieux frein à l’embauche, dans notre secteur. Sur deux départs en retraite, un seul est remplacé et encore !!!! ».
S’agissant de la rémunération, il y a quinze ans, le salaire minimum conventionnel dépassait le SMIC de 2000 F, aujourd’hui, il est en dessous du smic de 15 €.
Ils dénoncent ainsi des contrats précaires de type CUI-CAE, une paupérisation du personnel qui ne peut même plus manger à sa faim et un problème de qualification du personnel avec des formations certes assurées en interne, mais qui ne sont pas qualifiantes.
La CGT nationale, pour sa part, indique que « depuis 2005, les syndicats employeurs du secteur (FEGAPEI et SYNEAS) tentent de démanteler la convention collective du travail du 15 mars 1966. Les congés supplémentaires, seule reconnaissance de la pénibilité du secteur, seraient remis en cause alors même que l’étude paritaire menée dans le cadre de la prévoyance sur les causes de l’absentéisme au travail préconise qu’il est nécessaire de bénéficier de jours de récupération et de congés supplémentaires ».
Aussi, la CGT, Fédération de la Santé et de l’Action Sociale, demande une revalorisation immédiate des salaires, des conditions de travail décentes avec la reconnaissance de la pénibilité pour tous, un plan d’urgence de création de 100 000 emplois et de formation qualifiante et des garanties quant au droit à des formations « liées au champ sanitaire et social en référence aux sciences humaines préservant ainsi les valeurs et le sens du travail ».
La Confédération Nationale du Travail (CNT) lutte pour l’emploi
Plus discrète mais autant déterminé que les autres syndicats, la CNT, lors de l’entrevue avec M. Rauche, a indiqué son engagement à se battre pour maintenir les emplois en danger.
« Avec les lois Macron, Rebsamen le projet de loi santé… C’est la casse du code du travail, la fin de la médecine du travail, la mise sous tutelle étatique du conseil des Prud’hommes, les licenciements facilités, l’impunité aggravée des patrons voyous, la fin programmée des CHSCT… »
Ce jeudi, la CNT s’est joint au mouvement syndical de « cette journée d’action nationale contre l’austérité programmée et la marchandisation du secteur sanitaire et social ».
La parole aux syndicats des employeurs
Dans leur communiqué, le SYNEAS et la FEGAPEI indiquent être en phase de travail préparatoire : « identification en lien avec le cabinet Lefèbvre des3 premières thématiques de travail : l’aménagement du temps de travail, droit syndical et harmonisation des droits entre catégories professionnelles ; le cabinet Mercer rencontre des associations issues du groupes test pour faire un premier état des lieux sur la classification des métiers ».
Et d’ajouter : « les nouveaux métiers seront intégrés dans cette réflexion et les perspectives de carrière accrues. Les employeurs souhaitent favoriser l’intégration de nouveaux métiers ».
Le communiqué annonce un projet global, dans lequel toutes les thématiques qui composent une CCN doivent être incluses : classification, prise en compte de l’ancienneté dans la rémunération, revalorisation des salaires minima, repenser l’organisation du temps de travail.
Une entrevue avec le Directeur Général de la GCSMS 71 Hesperia
Face à Christian Rauche, les représentants des syndicats de salariés et de plusieurs services de l’action sociale sont venus témoigner de ce qu’il se passait localement : recrutement de CUI-CAE pour combler les postes manquants, manque de qualification de certains salariés.
Ils ont indiqué vouloir négocier : pas seulement pour eux, mais aussi pour les personnes dont ils s’occupent dans leurs services.
Pour Martial Petit « l’État doit être mettre la main à la poche. Tout ce travail médico social devrait être chapeauté par l’État. La santé doit être préservée.
Pour Christian Rauche, « les coordinateurs sont aujourd’hui une dérive. Mais je trouve intéressant que les gens s’inscrivent dans un projet type VAE. Le coordinateur, pour moi, n’est pas une strate hiérarchique. Ce sont des animateurs ».
Dans l’échange courtois qui a lieu entre les différents protagonistes, Christian Rauche a compris que ce que souhaitent les employés, c’est que la convention collective soit enfin respectée et appliquée.
Il s’est engagé à faire remonter les doléances des syndicats et des travailleurs du social à la direction des syndicats d’employeurs.
Christian Rauche sait effectivement de quoi il parle, puisqu’il est directeur des Papillons Blancs du Breuil, délégué régional FEGAPEI, Président de la CDPH et Directeur général de GCSMS Hesperia 71. Cette dernière est un groupement de coopération du secteur médico social regroupant 18 établissements, 450 salariés et environ 640 personnes accueillies, avec « de belles équipes tant qu’elles sont bien comprises » a-t-il déclaré.
Les échanges se sont terminés sur la thématique de l’interdisciplinarité dans les établissements médico sociaux.
Cet après-midi à Montchanin, la voix des salariés a été entendue par le représentant régional de la FEGAPEI et du GCSMS Hesperia 71.
Émilie Mondoloni et Annabelle Berthier