Pour une bonne manif par les temps qui courent : ne pas oublier de bien se couvrir, de prendre une bouteille d’eau, de mettre de bonnes chaussures de marche, de ne pas négliger les barres de céréales et surtout de se faire une vraie idée personnelle du sujet.
Pour vous y aider, Montceau News qui ne recule devant aucune difficulté d’ordre didactique, vous a concocté une revue de presse de derrière les rotatives afin que vous approfondissiez le sujet, et même si vous restez chez vous vissés devant les chaines d’info en continu ou si vous êtes au boulot.
Donc : revue de presse :
« Les Echos » y voient « un texte qu’aurait pu – et dû – rédiger la droite », tandis que l’aile gauche du PS dénonce des mesures « qui tirent la gauche vers la droite ». Munissez-vous d’une bonne boussole en fait…
Pour « Europe 1 » « Ce qui est certain, c’est que les employeurs vont gagner en flexibilité et pourront réduire le coût du travail. » Il est souligné que « Demain, le simple fait d’être en difficulté économique suffira et cette notion sera définie par la loi ou un accord de branche. Les licenciements économiques seront donc plus faciles et moins contestables devant un tribunal »
Pour « Libération » « Le texte de loi sur la réforme du code du travail suscite nombre de bobards chez les opposants comme les partisans. » Et donc « la grosse intox de Manuel Valls » est soulignée : «J’entends dire que les chefs d’entreprise pourront licencier comme ils le souhaitent : c’est faux. Cette loi n’invente aucun nouveau motif de licenciement. Elle clarifie des motifs déjà reconnus et appliqués par les juges.»
Mais alors que les difficultés économiques étaient jusque-là laissées à l’appréciation du juge, la réforme rajoute des critères pour justifier ce motif. Et contrairement à ce que dit Valls, ils étaient jusque-là insuffisants au regard de la jurisprudence. Le projet de loi El Khomri définit par exemple les difficultés économiques «par une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires». Or, la baisse du chiffre d’affaires n’a jamais suffi à justifier un licenciement économique. «S’attacher à un seul chiffre n’a jamais été suffisant»
« 20 minutes » met en avant la fille de commerçant en première ligne, tout comme les dernières nouvelles d’Alsace qui la font parler : La « fille de commerçant » y a vu les difficultés des petites entreprises. « Qu’elle soit réelle ou ressentie, cette réticence [à embaucher] existe, il faut l’entendre. Ma loi ne vise pas à faciliter le licenciement, elle vise à faciliter l’embauche en CDI en donnant de la prévisibilité et de la clarté à ces chefs d’entreprise »
Ça rappellera la petite fille de français moyen… on connait la chanson !
« Challenge » appâte ses lecteurs par ce titre alléchant « Le vrai/faux de la loi El Khomri en 10 points ». Par exemple sur le point contesté du temps de travail des apprentis : « La durée hebdomadaire du temps de travail pour les apprentis est bien assouplie. L’employeur, qui évolue dans un secteur déterminé par le Conseil d’Etat, pourra faire travailler son apprenti 40 heures par semaine sans avoir besoin de l’accord de l’inspection du travail comme c’était le cas auparavant. »
Le plafonnement des indemnités : « Ce plafonnement est applicable en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse et pourra être dépassé lors « d’une faute de l’employeur d’une particulière gravité ». Mais, d’une manière générale, les juges ne pourront plus prononcer comme c’était l’habitude jusqu’à présent des indemnités prud’homales proportionnelles à l’ancienneté (par exemple 12 mois de salaire pour 12 ans d’ancienneté). L’indemnité maximale prévue par la loi Macron pouvait aller jusqu’à 27 mois (salariés de plus de 10 ans d’ancienneté dans une entreprise de plus de 300 salariés). Le minimum était fixé à 3 mois (salarié avec moins de deux ans d’ancienneté dans une entreprise de moins de 20 salariés). L’indemnité minimale de six mois applicable actuellement pour les salariés de plus deux ans d’ancienneté dans une entreprise de plus de 10 salariés est ainsi supprimée. de licenciement aux prud’hommes : »
« Business-les echos.fr » donnent aussi dans le vrai-faux : Vers la semaine de 60 heures : FAUX, La rémunération des heures supplémentaires à l’appréciation de l’entreprise : VRAI, Les heures sup payées trois ans plus tard : VRAI, L’astreinte devient imprévisible… VRAI …et non récupérable : FAUX, Les 11 heures de repos fractionnables : VRAI, La rupture du contrat de travail facilitée : VRAI, Les multinationales licencieront plus facilement en France : VRAI, Le référendum court-circuite les syndicats : VRAI, La médecine du travail dépossédée : FAUX, Le dialogue social affaibli : FAUX, Le salarié fragilisé : VRAI ET FAUX (« Pour parvenir à recréer de l’emploi, il est réaliste de chercher à s’extraire d’un CDI “sanctuaire” qui dissuade les entreprises d’embaucher et les étrangers d’investir en France »)
Suivant que vous vous situez dans un camp ou dans l’autre il y a du pour qui devient du contre et vice versa, et inversement…)
Pour « Le Monde » « Le texte, qui vient d’être transmis au Conseil d’Etat et que Le Monde s’est procuré, entend donner un poids accru à la négociation collective ».Et de démontrer par des exemples virtuels ce qui changerait pour Michel, 50 ans, salarié, avec la « loi travail », ce qui changerait pour Delphine, 42 ans, chef d’entreprise, avec la « loi travail »
En gros la conclusion des décodeurs du Monde c’est que, bon an mal an, tout n’est pas si bon ni si mauvais et que chacun doit faire des efforts et non se plaindre.
« Le Monde » publie aussi une chronique intitulée « Le projet de loi El Khomri représente une avancée pour les plus fragiles » dans laquelle un collectif d’universitaires (qui ?, représentant quoi et qui ?) affirme « La réforme du code du travail va dans le bon sens en inversant la tendance massive du recours au contrat à durée déterminée et de la généralisation de la précarité » En donnant l’exemple de l’Espagne qui ayant adopté une loi similaire en 2012, a connu un surcroît de 300 000 embauches en CDI dès l’année suivante.
« Le Parisien » entend nous dévoiler: « les secrets d’une négociation sous haute pression : Loi El Khomri » « Face à la contestation contre le projet de réforme du Code du travail, le Premier ministre, qui a promis des « améliorations », recevra les syndicats. Les enjeux d’une concertation très serrée. En fait on n’apprend rien de neuf sinon une rumeur de radio-moquette : « Un visiteur du soir a mis les points sur les i : « Il faut aller très vite, donner des signaux très forts aux réformistes, sinon on ne répond plus de rien. » Mais du côté des deux têtes de l’exécutif, on tient aussi à garder « l’équilibre général de la réforme ». Il y a de quoi faire sauter la république avec des secrets pareils ma pauvre dame Michu.
Pour le Point la Loi El Khomri : « La vraie question, c’est la mesure du temps de travail » La réforme du Code du travail, vivement contestée par les syndicats, ouvre la porte à des conflits sur la comptabilisation du temps de travail.«
« L’Obs » quand à lui se met au sport populaire : Projet de loi El Khomri : le bras de fer a commencé et de rappeler que « La CGT et FO réclament toujours l’abandon du texte » « Comme attendu, FO et CGT ont de nouveau réclamé l’abandon du texte, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, demandant « le retrait » du projet. ».
Pour finir ce petit tour d’horizon de la presse : « l’Huma » : « Loi El Khomri Pourquoi il faut dire Non »… avec comme rubriques « 68% des jeunes sont contre la loi El Khomri : Une jeunesse informée, lucide et soucieuse de ses droits » et une autre très radicale : « Trente esclavagistes signent pour le projet El Khomri : Alors que la pétition contre le projet de casse du code du travail voulu par François Hollande et Manuel Valls a dépassé le million de signatures, un texte collectif de soutien au projet El Khomi a été publié dans le Monde du 5 mars avec 30 signatures. D’une grande médiocrité, l’argumentaire porte, entre autres, la signature de Philippe Aghion, Olivier Blanchard, Pierre Cahuc, Elie Cohen, Augustin Landier et Jean Tirole »
Là au moins ça décoiffe !
Donc maintenant vous en savez un peu plus et pouvez aller surfer sur les sites qui vous ont interpelés et si vous aller manifester vous en saurez un peu plus, sinon vous pourrez toujours débattre depuis chez vous ou votre lieu de travail.
Gilles Desnoix
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