Communiqué :
« Pour faire passer la pilule de la réforme des retraites, le gouvernement ne jure plus que par la semaine des 4 jours, sans envisager pour autant de réduire le temps de travail. La CGT défend elle, la semaine des 32 heures.
Caser en quatre jours ce qu’on fait habituellement en cinq jours de travail conduit à intensifier le rythme : c’est la RTT à la sauce patronale ! Qualité de vie au travail, flexibilité, attractivité des entreprises, réduction de l’empreinte carbone… Le nouveau mantra du gouvernement,
c’est la semaine des 4 jours.
« Pour le patronat, le débat sur la réduction du temps de travail serait clos en France : dans son esprit, il s’agit de réduire non pas le temps de travail, mais le nombre de jours travaillés. Donc d’intensifier le travail », prévient Baptiste Talbot, membre de la commission exécutive de la CGT.
La CGT défend les 32 h hebdomadaires, sans lissage sur l’année.
La CGT s’oppose à la semaine des 4 jours sans réduction de la durée hebdomadaire, qui reviendrait à ce que les salarié·es paient eux-mêmes une fausse réduction du temps de travail puisque leur charge de labeur serait maintenue, et le rythme intensifié.
4 jours ou 32 h : c’est quoi la différence ?
Ce n’est pas du tout la même chose : d’un côté, l’employeur exige des travailleurs·euses de concentrer ce qu’ils·elles font en 5 jours sur 4 jours, avec les risques physiques et psychiques que cela entraine. La vraie réduction du temps de travail, c’est les 32h, sans perte de salaire grâce à l’augmentation du taux horaire du salaire et des embauches à la clé.
L’idée de la semaine des 4 jours fait école en Europe. Au Royaume-Uni, en Espagne ou en Islande, des initiatives ont été lancées pour tester cette organisation. Études universitaires à l’appui. Et quand ça marche, c’est parce que les employeurs ont créé des emplois pour compenser le jour travaillé en moins, et ont réduit la durée hebdomadaire.
C’est le cas de quelques entreprises pionnières en France : le groupe informatique rhodanien LDLC, la boulangerie industrielle Neuhauser en Moselle, l’usine de briques Tetrapack à Dijon, selon un accord négocié par la CGT.
À l’inverse, les tests lancés début 2023 dans deux administrations françaises, l’Urssaf Picardie et la Caisse nationale d’assurance maladie ne sont pas vraiment couronnés de succès. Les agents de l’Urssaf notamment, ont vite déchanté : le passage à 4 jours impliquait des journées de 9 heures de travail. Incompatibles avec les obligations familiales, notamment pour les femmes. Seuls trois agents sur 200 ont décidé de participer à l’expérience, les autres préférant rester sur 7h20 de travail quotidien, sur 5 jours.
« Preuve que la réorganisation du temps de travail doit toujours être discutée au plus près des souhaits des salarié·es. Cela doit faire l’objet de négociations avec les représentant·es du personnel pour éviter une dégradation des conditions de travail et/ou de salaire », commente Baptiste Talbot.
Pour la CGT, la vraie RTT c’est le passage aux 32 heures. Elles ne doivent pas se faire à la carte, il faut une loi qui impose une nouvelle norme afin de ne pas creuser les inégalités. Sans baisse de salaire horaire, ni intensification du rythme de travail, et avec des embauches. Seule la baisse organisée du temps de travail permettra de créer durablement de l’emploi.
C’est dans ce cadre que la semaine de 4 jours peut constituer une modalité bénéfique si les salarié·es la choisissent. »