Communiqué :
« Analyser les conditions de travail en France n’est pas une mince affaire. Les mémo Sécu consacrés aux conditions de travail à l’hôpital et à la capacité des salarié·es à exercer le même emploi jusqu’à leur retraite, donnent toutefois quelques pistes d’analyse de cette problématique. Le recul de l’âge de départ à la retraite ouvre un véritable débat sur les conditions de travail en France et notamment sur l’exposition des salarié·es aux différentes contraintes qui peuvent peser sur le travail.
Aujourd’hui en France, l’exposition à des risques professionnels, qu’ils soient physiques ou psychosociaux, ou un état de santé dégradés sont fortement liés à un sentiment « d’insoutenabilité » du travail. Plus d’un∙e salarié∙e sur trois ne se sent pas capable de faire le même travail jusqu’à sa retraite, la CGT souligne les grandes tendances qui pèsent sur l’ensemble des travailleur·euses et qui définissent ce que l’on décrit aujourd’hui comme une intensification et une individualisation du travail.
Ce qu’il faut retenir :
✦ Les contraintes physiques et hiérarchiques perdurent pour l’ensemble des travailleur·euses depuis les années 1980.
✦ De nouvelles contraintes dans le travail se développent pour les ouvrier·ères et les employé·es depuis les années 1990 : les contraintes marchandes et les contraintes temporelles.
✦ L’intensification du travail est un phénomène auquel l’ensemble des travailleur·euses, quel que soit leur catégorie socioprofessionnelle, sont soumis·es.
✦ L’individualisation du travail est une caractéristique centrale des mutations des conditions de travail en France. Si l’on voulait forcer le trait, on pourrait dire que la disparition du taylorisme, ce mode d’organisation du travail très caractéristique des Trente Glorieuse, n’est qu’une image d’Epinal. En effet, la réalité du travail nous éloigne complètement de cette idée d’une disparition. L’Enquête Emploi Conditions de Travail menée depuis 1978 par les services de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES) nous indique plutôt que depuis les années 1980, les contraintes physiques et hiérarchiques dans le travail des salarié·es se maintiennent.
✦ Entre 1991 et 2016, la prescription du travail a eu tendance à augmenter pour l’ensemble des salarié·es.
✦ Si en 1984, 34,7% des ouvrier·ères déclaraient que leur travail était répétitif, ils et elles sont plus de 65% à le déclarer en 2016. Parallèlement, les contraintes automatiques et le caractère répétitif du travail se sont fortement développés.
✦ Les employé·es déclaraient en 1984 pour 18% d’entre eux-elles avoir un travail répétitif contre plus de 55% en 2016. Le premier mouvement d’intensification du travail ces dernières décennies passe en effet par un renforcement des contraintes physiques et hiérarchiques pour la plus grande partie des travailleur·euses. »
Voir l'article : Montceau News