Ce matin à l’union locale CGT de Montceau, Robert Wattebled, Rémi Dubois, Jean Louis Krakowiak secrétaire CGT du CE de Terex, Julien Knepper délégué syndical CGT de Terex reçoivent la presse à propos des menaces de licenciements dans l’unité de Saint Vallier.
Robert Wattebled commence son exposé par une vue plus générale de l’emploi dans le bassin minier. « Alors que les politiques, Marie Claude Jarrot en tête, se félicitent de leurs actions en faveur de l’économie, Terex annonce des licenciements. Et malheureusement il n’y a pas que Terex. L’usine Monnet sport, qui fabrique des chaussettes de sport, est en chômage technique depuis février –semble-t-il-, et des menaces comme ça il y en a d’autres. C’est réellement inquiétant pour le bassin minier. »
Puis il aborde le dossier spécifique de Terex. « L’an passé pour les 20 ans de Terex, tout allait bien, les discours étaient euphorique, Terex Cranes était promis à un grand avenir. Et brusquement, maintenant, il faut absolument mettre en place un plan de sauvegarde, d’un seul coup tout va mal. Il s’agit une fois de plus de constater que lorsque les profits et les marges stagnent ou ne progressent pas de se servir des salariés comme d’une variable d’ajustement. »
Pour lui c’est la stratégie financière qui veut encore triompher de la stratégie industrielle. En même temps comme l’annonce le tract qui sera distribué, Terex va dépenser 52 millions d’€ pour licencier 450 salariés en Europe… Ceci face aux 5M€ de pertes annoncés.
Les deux représentants des salariés de Terex expliquent qu’officiellement ce qui semble déséquilibrer les comptes (on parle de 5 millions de pertes) ce serait le déséquilibre des effectifs entre les « indirects » (les noms productifs directs, bureau d’étude, méthode, compta, commerciaux, etc.), 147 salariés, par rapport aux « directs » (productifs de la fabrication, construction, assemblage, etc.) qui ne sont que 91.
Montceau news : mais cette situation ne date pas d’hier, elle existait au temps où tout allait bien, même lors des cérémonies des 20 ans.
CGT : « C’est vrai, mais c’est la raison donnée en plus de la conjoncture économique. Saint Vallier a récupéré il y a 2 ans la construction de la Challenger 3 venant d’Allemagne parce qu’elle n’était pas rentable là-bas. Mais c’était à la condition de faire baisser son coût de fabrication de 20%. Ce qui fut fait et même alors cette grue était parfaite et de nombreux clients l’achetaient. Mais il a fallu encore baisser les coûts et surtout changer LMI (CEC), (50€ sur un prix de vente de 500 000€) et ça été la catastrophe, on a pris du retard, les clients se plaignaient des pannes. Ce sont des erreurs stratégiques du groupe. Il n’y a aucune latitude pour les services commerciaux, la DRH, car toutes les décisions sont prises aux Etats Unis, pas ailleurs.
En quoi les salariés dits « non productifs » sont-ils coupables de quoi que ce soit et méritent-ils- d’être licenciés ? »
Robert Wattebled est très affirmatif, la CGT aidera les salariés à préserver leurs droits, mais elle ne fera rien sans les salariés. Il rappelle que les indemnités extra-légales obtenues entrainent ensuite une carence (75jours) du chômage. Il s’agit souvent de marchés de dupes dans lesquels les salariés perdent plus qu’ils ne gagnent réellement.
La CGT, les représentants de ce syndicat chez Terex, s’opposent formellement à la suppression d’emploi. Mais il n’y aura pas de grève ou d’autres actions qui ne soient décidées par la base.
« C’est aux salariés de se défendre, la CGT sera à leurs côtés, elle est toujours à l’écoute » conclue-t-il
Pour l’instant les dispositifs légaux préparatoires au Plan de sauvegarde de l’emploi vont commencer. Le jeudi 12 une première réunion préparatoire va avoir lieu, ensuite réunion du CE tous les 14 jours.
Bien sûr le syndicat n’entend pas adhérer à la communication officielle du groupe et dénonce par avance le chantage à l’emploi, à la survie du site. Aucun document chiffré, aucun bilan n’a été fourni aux représentants des salariés. Tout le monde semble naviguer dans le vague.
Une dernière question est soulevée : on s’attaque aux emplois indirects, mais en 2016 le nombre de cadres a augmenté de 16%… Le groupe a laissé faire ? Y avait-il une absence de vision de la réalité ? La conjoncture économique s’aligne-t-elle vraiment sur les étoiles ?
Les deux responsables syndicaux CGT ont décidé de tracter à la sortie de midi.
Ça été l’occasion d’interroger certains salariés auprès de leur véhicule au moment de leur départ méridien.
Entre ceux qui ne voulaient pas être photographiés, ceux qui disaient de loin « rien à déclarer », deux ou trois nous ont fait part de leurs profondes inquiétudes, de leur incompréhension… « Nous les avions pourtant avertis à plusieurs reprises et maintenant ils veulent licencier », « comme d’habitude c’est nous qui payons les erreurs de ceux d’en haut »….
Certains pensent quand même que « oui, il y a la conjoncture économique, mais il faut éviter la fermeture du site. »
Comme d’habitude, le verre à moitié vide face à la bouteille à l’encre.
Gilles Desnoix