Au syndicat CGT des mineurs se sont regroupés les militants Montcelliens, ceux du périmètre Hornaing/Lucy pour une conférence de presse.
Le sujet est très prégnant. Ce dossier est pendant depuis 2013 et rien ne semble avoir bougé dans un sens ou un autre jusqu’à ce qu’Uniper (la nouvelle émanation d’EON) envoie des Flash Info expliquant que de graves menaces pèsent sur le groupe du fait des décisions prises par le gouvernement à la suite de la conférence environnementale qui s’est déroulée à Paris les 25 et 26 avril. En effet le Président Hollande a annoncé la mise en place dès 2017 en France d’un prix plancher du CO² au moyen d’une taxe carbone payable par les producteurs d’électricité.
Pour éclairer ce qui va suivre il faut faire le point sur ce qu’est UNIPER
Uniper est une société d’énergie allemande basée à Düsseldorf, qui est née de La scission de la majorité des activités de production d’électricité (sauf nucléaire en Allemagne) « en amont» de E.ON de son commerce de détail et de distribution « en aval». Le nom UNIPER vient des termes « unique» et «performance».
51% de l’actionnariat d’Uniper appartient à des anciens actionnaires d’EON, et 49% à des actionnaires d’EON qui peuvent être les mêmes en fait.
En cédant, sauf en Allemagne, son parc nucléaire et ses prévisions de démantèlement, ses centrales thermiques EON a créé en fait une entité de portage de sa dette et des problèmes sociaux.
Pourquoi pas l’Allemagne ? Parce que le Gouvernement Allemand a obligé au portage du démantèlement du secteur nucléaire à une provision de 38 milliards d’Euros. Du coup Eon a gardé ses centrales.
Il faut noter aussi que dès le 1er juillet 2016 Uniper sera coté en bourse.
Eon s’est débarrassé sur Uniper, d’après les responsables CGT, de tout ce qui avait un fort potentiel social, nécessitait beaucoup d’investissements, et surtout supportait un poids important de dette.
Pour la CGT : Loïc Delpech délégué syndical central CGT d’Uniper France, animateur du collectif Uniper, Christophe Lagrange délégué syndical, membre du CHSCT, de la commission secondaire du personne, Olivier Dechaume, Fabien Cornille, David Rodriguez tous trois membres du CE du périmètre Hornaing/Lucy, Gilles Badin Délégué du personnel, Patrick Bobin les choses sont claires.
Depuis 3 ans le démantèlement des deux sites sœurs de Hornaing/Lucy devrait être commencé, les entreprises connues, le budget voté, le plan de désamiantage arrêté.
Tous ces documents devraient être communiqués au CE depuis tout ce temps et rien.
Mais cela a entrainé des plans sociaux qui eux ont été reçu des débuts d’exécution avec des mutations d’office, des salariés laissés sans travail, d’autre « reclassés » dans des entités d’EDF, ou forcés de partir en retraite ou cessation anticipée d’activité.
Or, les craintes sont les plus vives du côté de la CGT. Ceux qui ont été mutés de force, ou risquent de l’être, sont ou vont atterrir dans des sites qui vont fermer. Pas de pérennité possible.
Pour ceux qui sont chargés du démantèlement il n’y a aucun horizon viable au-delà de 2018. Et enfin les « pré-retraités » risquent de se retrouver à pôle emploi si Uniper est en liquidation comme les flashs-info peuvent le laisser entendre.
Les temps à venir ne semblent pas roses pour la CGT qui du coup voit rouge.
Pour être précis : 5 salariés ont déménagés avec leurs familles suite à une mutation dans des sites qui vont prochainement fermer. 5 salariés chargés du démantèlement, sans que ce dernier soit lancé, se retrouvent un à la retraite, un en future pré retraite, 2 autres sans solution à partir de 2018, ni projet professionnel, et un qui espérait partir, avait monté son projet et qui maintenant ne peut même pas prendre sa retraite parce qu’il lui manque un an.
Mais s’ils sont inquiets ils ne sont pas abattus et veulent se battre pour sauver le « soldat Uniper » afin de sauver les sites d’Hornaing/Lucy, donc de sauver l’emploi et de trouver ensuite des solutions industrielles de renaissance des sites.
Ils ont alerté les élus de tous niveaux, les ministères. Ils sont porteurs d’un projet qui s’affine au fur et à mesure et qui tient compte des évolutions économiques et règlementaires. La politique énergétique de la France évolue sans cesse et depuis la COP 21 d’autres décisions sont prises à prendre et la CGT veut être au plus près des possibilités d’action pour assurer le développement de la production d’énergie
C’est le premier étage de la fusée. Le second va concerner les solutions à apporter à la production d’énergie par Uniper dans tous ses sites, avec des propositions de biomasse, de cogénération, etc.
Le troisième étage c’est le niveau national dépassant le cadre d’Uniper. La création d’un pôle national énergétique, une nationalisation des moyens de production, une mutualisation des moyens mais pas du passif. Pour la CGT et ses responsables présents ici il semble que le seul actionnaire viable et équitable soit l’état.
La CGT, nous disent ses responsables, n’a pas de partis-pris. Toutes les solutions peuvent être envisagées que ce soit le mixte, la biomasse, le gaz, la méthanisation, le solaire, l’éolien, la cogénération. Pour elle ce qui compte ce sont la pérennité des solutions et de l’emploi, l’affirmation d’un socle social économique et environnemental sur lequel le système de production doit reposer. Et tout ceci ne doit pas se faire au détriment de l’emploi.
Patrick Bobin explique que bien sûr il s’agit là du problème Uniper, des centrales de cette société, mais que la CGT est tout entière derrière l’ensemble du secteur mines et énergie, qu’elle agit pour l’emploi, et que ce dernier est très menacé sur le bassin minier. Tous ses responsables sont là pour interpeler les élus de tous les niveaux pour faire avancer les choses.
Il rappelle le plan de revitalisation du site de Lucy qui devait aboutir à 67 emplois. Et puis plus rien… Le projet en cours d’affinage est porté par toute la CGT.
La CGT s’inquiète aussi des risques psycho sociaux et des drames possibles du fait des situations que les agents et leurs familles doivent vivre dans ces temps d’incertitude et de mutations incertaines. Ils sont très attentifs à ce risque.
Donc le message est clair, la CGT veille à ce qu’un vrai projet économique, social et environnemental voit le jour à la fois pour Uniper mais aussi pour la filière. Elle travaille aussi au sauvetage des emplois du périmètre Hornaing/Lucy et à la ré-industrialisation des sites.
Comme le dit Patrick Bobin, c’est la première initiative, il y en aura d’autres selon les circonstances, toute la CGT est derrière ce combat, ce projet.
A suivre…
Gilles Desnoix